Selon la nouvelle Ratio Fundamentalis Institutionis Sacerdotalis, « la dimension intellectuelle (…) offre les instruments rationnels nécessaires pour comprendre les valeurs propres qui définissent le pasteur, de manière à pouvoir les incarner dans la vie et à transmettre le contenu de la foi de façon adéquate » (Ratio Fundamentalis n°89 §1). Dans ces mots, se dessinent la définition et la tâche de cette dimension non moins importante de la formation sacerdotale de nos jours. La question de la formation intellectuelle nous mène sans détour dans un champ à la fois vaste, épineux, et délicat : le champ des rapports de la foi et de la raison. De plus, l’héritage intellectuel des cinq derniers siècles, met davantage en lumière la nécessité et l’obligation pour l’Eglise de s’instruire des nouvelles avancées intellectuelles.

Partant, la connaissance approfondie des sciences philosophiques, sociales, historiques et théologiques, demeure l’arme contemporaine qui assure aux candidats au sacerdoce une formation intellectuelle de haute qualité, caractérisée par une compétence philosophico-théologique solide et juste. Ils sont ainsi rendus capables « de scruter, de discerner et d’interpréter les multiples langages de notre temps et de les juger à la lumière de la Parole divine, pour que la vérité révélée puisse être sans cesse mieux perçue, mieux comprise et présentée sous une forme plus adaptée » (Gaudium et Spes, n°44).

Cet objectif s’inscrit dans une double visée biblique : celle de rendre compte de l’espérance chrétienne (cf. 1 P 3,15) et celle de conduire les nations à l’obéissance de la foi (cf. Rm 16,26).  C’est dire que la Parole de Dieu constitue ce qui donne sens et orientation dans la formation intellectuelle en vue du sacerdoce. « La formation intellectuelle du futur prêtre se fonde et se développe surtout sur l’étude de la sacra doctrina » (Pastores dabo vobis, n°53). Elle répond à la perspective de la foi et de l’intelligence en quête l’une de l’autre, conformément à la clé de la pensée philosophico-théologique de saint Anselme. En d’autres termes, la dimension intellectuelle de la formation, surtout l’aspect théologique, exige la foi. Saint Thomas d’Aquin le dit bien quand il parle de la foi comme l’habitus de la théologie ou son principe permanent d’opération (Cf. Boëtii de Trinitate, V.4 ad 8.). En conséquence, la foi constitue le principe et la fin de toute théologie.

Une telle conclusion tient implicitement compte de l’aspect philosophique, étant donné que dans le cheminement vers le sacerdoce ministériel, la formation philosophique précède celle théologique et la prépare. Elle fournit les instruments dont doit faire usage la raison pour chercher et atteindre avec sûreté la Vérité révélée que contient la science théologique. Par ailleurs, la dynamique ecclésiale situe la philosophie dans un rapport de service à la théologie (Saint Thomas d’Aquin : philosophia theologiae ancillans).  Dans les deux cas, philosophie et théologie entretiennent un rapport d’utilité réciproque, en ce sens que la philosophie doit rendre raison de la théologie et vice versa. Au demeurant, toute la dimension intellectuelle tient en haute estime la foi.

A l’aune de tout ce qui précède, l’esprit attentif décèle que la formation intellectuelle nourrit une relation d’interpénétration avec toutes les autres dimensions de la formation du futur prêtre : « elle sert son ministère pastoral et a également des répercussions sur sa formation humaine et spirituelle puisqu’elle les nourrit avec profit (…) Loin d’être reléguée dans le seul domaine des connaissances ou d’être perçue comme une simple réception d’informations toujours plus nombreuses dans les différentes disciplines, la formation intellectuelle accompagne les prêtres et les dispose à une écoute attentive de la Parole et de la communauté ecclésiale, ce qui leur permet d’apprendre à scruter les signes des temps » (Ratio Fundamentalis n°117).